Publié le 10 novembre 2018
La population de cette île n’a assisté jusqu’ici qu’à des entractes tout justes suffisamment saignants et dramatiques ou même cocasses pour faire oublier l’essentiel à des gens auxquels il manque ce «strict minimum» que Tshitenge Lubabu M.K constate dans son Post-scriptum publié par Jeune Afrique récemment. Dommage que tout le monde ne puisse pas lire ce monument hebdomadaire des réalités imprimées. C’est à peine si des rares personnes ont le bonheur d’entendre la bonne parole distillée en antenne par ce prêcheur sans pareil de Raijaonary de Radio Antsiva. Et si tous les Malgaches pouvaient avoir accès aux railleries quotidiennes de Jesy Rabelalao et aux pages pamphlétaires du journal Telo No Refy, cette île n’aurait pas été pour longtemps encore ce « pays de merde » que le reste du monde fait semblant d’oublier. A l’heure même où ces lignes vous tombent entre les mains, ce qui devait arriver arriva. C’était prévisible. Ce collectif des candidats contestataires que tous les idiots de Babay et Lohavohitra avaient abondamment traités de tous les noms n’arrêtent pas de l’appréhender, cette situation électorale défectueuse. Sans que personne ne daigne s’en soucier ou s’en émouvoir.
A tout seigneur, tout honneur répercutées par tous les médias, tout juste après le lever du rideau, les déclarations fracassantes réveillent l’opinion de sa somnolence résignée. L’ex-président Hery Rajaonarimampianina, candidat à sa propre succession « dénonce pour sa part de nombreuses irrégularités lors de ce premier tour » de la course à la présidence la plus mal préparée de toute l’histoire politique de Madagascar. «Tout porte à croire que le vote de la population malgache a été victime de détournements », a-t-il indiqué dans un communiqué dans lequel il déplore « un fichier électoral non valide, la présence de bulletins déjà pré-cochés, ainsi que des intimidations. » Voilà pourquoi il y a lieu de ne point sous-estimer les craintes de Marcus Scheider de l’Institut Politique Freidrich Ebert Stiftung au micro d’Alexandra Brangeon quand il déclare qu’ « Il y a des risques qu’on pourrait aller vers une répétition du scénario de 2002… » Une dépêche de RFI rapporte également que concernant une vidéo sur laquelle on voit le candidat Marc Ravalomanana affirmer à ses partisans qu’il a gagné, le chef de mission de l’OIF Philippe Courard rappelle : « C’est trop tôt. Les résultats ne sont pas connus officiellement. Donc je crois que ce n’est pas opportun de le faire, ça ne peut qu’amener de la tension. Donc ce que nous avons redemandé aujourd’hui lors d’une rencontre entre opérateurs internationaux, c’est qu’on ne fasse pas ce type d’annonce. » Ce n’est point pour le plaisir de critiquer que dans son Editorial d’hier ce journal avait osé affirmer que « si jamais, l’élection présidentielle qui vient de se tenir se termine par une crise, les premiers responsables sont les membres de la Commission Electorale Nationale Indépendante(CENI). Ils ont eu trois ans pour préparer cette élection présidentielle dont les municipales de 2015 constituent en quelque sorte un galop d’entraînement.(…) Et pourtant, jamais aucune élection présidentielle n’a été aussi mal préparée. » Que «dans un communiqué l’ancien chef de l’Etat a prévenu qu’il ne laisserait pas la population se faire dérober son vote, citant notamment un fichier électoral non valide et la présence de bulletin déjà cochés» provoque la consternation de tous et la fureur d’un certain milieu qui était déjà à deux doigts de sabrer la bouteille de champagne de la victoire au premier tour, la boucle d’un cycle d’une malédiction presque traditionnelle de la pratique locale de la démocratie est bouclée…Jour pour jour, il y a une semaine, depuis la salle de rédaction de ce magazine fondé par Béchir Ben Yamed, le même analyste Tshitenge, très lucide et en tout cas très bien informé sur les mœurs perverses des politicards bien de chez nous, nous dévoile sans pitié et sans exagérer les travers de « notre nouvelle démocratie à la saveur aigre-douce orchestrée par de petites gens sans scrupule, sans vision et pourris jusqu’à l’os… » Que l’honorable auteur de l’article se rassure ! Comme il l’affirme si bien avec exactitude en posant la question de savoir « Y a-t-il eu cette année sur le continent une élection sans violence, sans mort d’hommes, sans contestations ? » Catégorique, il donne lui-même la réponse : « Dans un seul pays, la Cour Constitutionnelle saisie par ceux qui ont été lésés, a annulé tout le processus électoral et décidé de revenir au point de départ.(…) » Et lui de préciser longuement « « C’est l’exception qui confirme la règle. D’habitude nos Cours Constitutionnelles, plutôt que d’appliquer la loi dans toute sa rigueur, préfèrent se perdre en arguties juridiques. Ils tiennent beaucoup à une chose : assurer leurs arrières. Car, comme le savez tous, on ne mange pas la loi, n’est-ce pas ? On la piétine plutôt, on la travestit, toute honte bue. Tous les cinq ou sept ans, on reprend la même partition sans états d’âme, sans le moindre remord. Seul l’essentiel compte : la fonction a été préservée, on a pris du ventre et du galon. En plus, on fréquente les hautes sphères devant lesquelles on n’hésite pas à se mettre à plat ventre. Il y a lieu de se demander si, en définitive, le pouvoir étatique n’a pas, dans la bouche de ceux qui le détiennent, la saveur du miel. Sinon comment expliquer que certaines personnes n’éprouvent aucune lassitude en occupant pendant de longues années la fonction suprême en étant accusées , à l’issue de chaque scrutin d’avoir tout simplement triché ? Que les urnes soient bourrées, que des électeurs utilisent plusieurs cartes et votent dans plusieurs bureaux différents, qu’il y ait des contestations qui se transforment en affrontements meurtriers, ne leur dit rien. Le plus important à leurs yeux reste le fauteuil présidentiel. Ils veulent l’occuper jusqu’à la fin des temps tout en sachant que cela ne reflète pas l’opinion de la majorité de leurs concitoyens », tout en étant malheureusement l’ « homme qui est au pouvoir depuis des lustres sans résoudre le moindre de leurs problèmes. » Dans le contexte malsain qui prévaut en ce moment à Madagascar la plus grande sagesse serait de parvenir à un cadre de référence fondamental basé sur les suggestions éclairée de Tshitenge toujours « en respectant les règles élémentaires de la démocratie ». «Sinon, nos pays appartiendront jusqu’à la fin des temps à des tricheurs, sans foi ni loi », prédit-il en guise de conclusion. Parce derrière le dos de ces truands en col blanc, ces vils serviteurs des mafias étrangères, se cachent des prédateurs sans état d’âme qui ne pensent qu’aux pillages de nos richesses minières, halieutiques et culturelles. Il faut être vigilant car ces puissances financières de véritables requins avides seraient même capables de provoquer des troubles s’il le faut pour arriver à leurs fins.