La Gazette de la grande ile

Pratiques préjudiciables : Le B.A.BA du Moletry

Publié le 08 mars 2019

Le moletry est la coutume selon laquelle une fille n’ayant pas l’âge minimum du mariage est fiancée aux termes d’un contrat l’obligeant à avoir un comportement irréprochable pendant la période de mise à l’essai d’un an prévue pour cette union, faute de quoi elle perdra la dot convenue (au maximum trois bœufs et/ou une somme d’argent). ( Voir article, par ailleurs)

Le moletry est pratiqué essentiellement par les Tsimihety dans la province de Majunga mais d’autres ethnies commencent aussi à y recourir. Les filles sont mariées de plus en plus jeunes parce que les parents sont intéressés par les bœufs qu’elles reçoivent en dot. On pense que la pauvreté est l’un des principaux facteurs responsables de cette pratique. En effet, il est difficile pour les parents de refuser des contrats de ce genre, quand ils se voient offrir des sommes pouvant aller jusqu’à 1 000 dollars, sans compter les têtes de bétail.

Les parents d’un garçon (généralement quand il atteint l’âge de 15 ans) se mettent en quête d’une épouse pour leur fils (la promise ayant parfois tout juste 12 ans); les parents des deux enfants organisent ensuite le mariage. Ils détiennent un contrat écrit valable pendant une période d’un an qu’ils peuvent proroger. Si un enfant est né après la première année et que le contrat de mariage a expiré, la fille − ou, lorsqu’elle est très jeune, sa mère − sera chargée d’élever l’enfant. Si la fille n’a pas été fidèle ou que l’union ne dure pas une année complète, la dot est rendue, sans qu’il en résulte de stigmatisation pour aucune des deux familles.

L’épouse doit rester mariée pendant la période d’un an prévue au contrat, même en cas de violence conjugale; en pareil cas, les parents de la fille reçoivent une somme d’argent supplémentaire ou des bijoux, dans un souci d’apaisement. La Rapporteuse spéciale a été informée que, même lorsque des organisations de la société civile avaient tenté d’intervenir pour soutenir la jeune fille, elles avaient été empêchées de le faire par les parents des deux conjoints.

Dans certains cas, les parents du garçon donnent de l’argent et s’engagent à fournir les bœufs ultérieurement. Un différend peut surgir s’ils se dérobent à leur engagement et ne livrent pas le bétail à la date fixée d’un commun accord.

Les filles peuvent épouser un autre prétendant après leur premier mariage (le nombre de bœufs reçus en dot diminue à chaque nouveau mariage, que la femme ait eu ou non des enfants lors d’une union précédente).

Source :

Nations Unies , Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.

 

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