Publié le 22 mars 2019
Le ravitaillement en riz et autres denrées de premières nécessités durant la 2ème République a eu ses heures de gloire et aussi ses perversités affairistes dominées par les trafics et détournements les plus inimaginables. Le secteur a permis à de simples petits commerçants détaillants de devenir jusqu’à nos jours de richissimes grossistes par le jeu des combines à l’importation et prix pratiqués au détail. Avec ce tam-tam médiatique qu’on fait autour de ce débarquement massif de 16.500 tonnes de riz en provenance du Pakistan, les commentaires les plus divers alimentent les conversations d’abord sur l’origine et processus de financements de la cargaison. De source proche du FAO au prix actuel sur le marché qui est de 319 dollars la tonne, la question de savoir qui a déboursé pour qu’on puisse arriver à écouler la marchandise 1000 Ariary appelle aussi d’autres. Pour n’importe quel observateur, d’abord aucun opérateur économique ne sera assez fou pour jouer le philanthrope altruiste et se lancer ainsi dans une opération de bienfaisance à l’échelon nationale. Certains vont même jusqu’à se scandaliser «qu’on n’ait pas utilisé la production locale pour cette opération alors qu’actuellement c’est la saison du « vary aloha »… La mesure prise lors du Conseil des ministres du 20 mars dernier de bloquer le prix du kilo dans le cadre d’un « Plan d’urgence sociale» au profit de plus de la moitié de la population sur la base des chiffres fournis par l’INSTAT, nous donne déjà un début de réponse.
Toujours est-il que quelle que soit la procédure à mettre en place pour arriver à limiter à 3Kilos par famille deux fois par semaine la distribution aura toujours à faire face aux tracasseries administratives et aux problèmes qui relèvent de l’étendue spatiale des périmètres à couvrir. C’est trop facile de décréter une telle d’opération commerciale même si au fond l’esprit caritatif doit dominer l’ensemble de ces opérations destinées à enlever une épine du pied d’un nouveau président. Quelle que soit la bonne foi et la détermination des personnes ressources intermédiaires chargées de cette mission très délicate de donner satisfaction aux couches les plus défavorisées de la population, les grands malins de toujours trouveront encore des issues favorables pour que les bonnes intentions des uns capotent sur les filouteries des autres et de quelques responsables et autorités locales qui ne pensent qu’à profiter de l’aubaine pour en tirer des profits juteux. On aura beau imposer les restrictions les plus préventives pour combattre les abus, les perditions et les habituels penchants au favoritisme qui, au nom de l’étiquette purement politicienne facilitera les pires déviations. Finalement c’est Andry Rajoelina qui deviendra le coupable idéal d’avoir permis à décideurs locaux de spolier les destinataires et les bénéficiaires de droit de cette manne présidentielle.
Mais le vrai hic de cette opération de séduction à base d’actions sociales est le fait que le mouvement reste et demeure d’une ponctualité que personne ne pourra faire perdurer par principe. Même en vertu de cette autorisation spéciale que les parlementaires avaient octroyée à l’exécutif de pouvoir légiférer par voie d’ordonnance, les pratiques budgétaires normales ne permettront jamais la pérennisation de cette incitation à l’assistanat étatique. Déjà, certains esprits chagrins et les grincheux de service, frustrés de rater des occasions favorables de faire fortune sur le dos des pauvres gens, n’hésitent pas à rappeler à l’opinion les coulisses d’une même opération de riz à bas prix du temps de la Transition. Pour justifier leurs frustrations de profiteurs à qui la distribution de «v ary mora» à l’époque a été à l’origine de perte sèche énorme, ils insinuent à qui veut les entendre que les reliquats financiers des financements des denrées distribuées sont encore et toujours de lourdes ardoises qui pourraient éclabousser des grands commis du temps où Hery Rajaonarimampianina régnait en maître au ministère des Finances et du Budget. Ces détracteurs d’Andry Rajoelina affirment sans pouvoir le prouver toutefois que durant la Transition le recours au «vary mora» aurait laissé des traces d’utilisations financières pas très honorables qui cette fois pourraient avoir servi à la mise en place de ce ravitaillement au rabais. Selon eux toujours, aucune ligne de crédits budgétaires précis ne fait mention de cette initiative qui relève purement et simple de la propagande politicienne étatique. Pour s’en convaincre, il suffit de voir avec quelle insistance une campagne médiatique couvre cet évènement qui au final ne rassure guère les paysans producteurs qui devront se contenter du projet PAPRIZ alors qu’ils s’attendaient à des coups de pouce énergiques ciblés de la part de l’Etat pour financer la production agricole en général et le développement rural en particulier en sus des semences promises.