Publié le 19 avril 2019
9 – Dr Raharison, justement, les différentes habitudes alimentaires ont-elles une influence sur la fatigue ?
Le repas est la principale source d’énergie qui nous préserve de la fatigue. Et je confirme que le type de repas et l’heure de sa prise jouent un rôle important. Mais de nos jours, le dicton, « manger comme un roi le matin, déjeuner comme un prince et diner comme un mendiant » est devenue quasi une utopie. Les contraintes des grandes villes, les obligations professionnelles et sociales avec les aménagements horaires, font que nous quittons le domicile beaucoup plus tôt et nous rentrons bien tard. Et si la majorité des personnes semblent s’habituer à ce nouveau rythme, d’autres et surtout ceux qui ont un travail plus éprouvant physiquement le subissent!…
10 – Avez-vous des exemples sur les habitudes alimentaires et leurs conséquences sur l’organisme?
Je continue sur le cas des travailleurs. Dans la pratique, pour éviter l’écart trop important de la prise des repas et en même temps préserver un certain budget, beaucoup d’employés sont obligés de manger dans les gargotes. Profitant de la situation, celles-ci poussent comme des champignons dans les moindres espaces aux abords des usines, des bureaux et même à des endroits plus qu’inadéquats. Des commerces prolifiques qui font passer le profit bien avant la qualité et même l’hygiène. La concurrence dicte le coût des plats, influence sur le choix des produits utilisés, jusqu’aux conditions de préparation et de cuisson. Les mots d’ordre sont: rapidité, nombre voire monopole. On parle souvent de la malbouffe dans les fastfoods en Europe mais les faits sont plus qu’avérés dans nos rues et pire avec l’insuffisance de contrôle sur terrain. Sans parler des tendances à l’utilisation d’additifs, de colorants, qui améliorent l’aspect, exagère le goût et modifie la consistance des aliments. La graisse et les sauces, tant appréciées dans la tradition culinaire malgache, sont la cerise sur le gâteau : le piège qui attire généralement les consommateurs locaux.
11 – Que peuvent- être les conséquences sur notre santé ?
J’insiste sur le mot consommateur que je n’ai pas choisi par hasard. Car le verbe consommer a deux significations très particulières. D’un côté, c’est celui qui veut absolument ingurgiter et même « bouffer » pour avaler sans réfléchir et parfois sans état d’âme. D’un autre côté, c’est la « victime » qui n’a d’autre choix que de se contenter d’engloutir ce qu’on lui donne. Dans les deux cas, vous avez compris, « consommer » est bien différent de « se nourrir ». Quand on se nourrit, on tient compte de la qualité des denrées et de la préparation. Mais je tiens aussi à y inclure la notion de partage, car la nourriture s’apprécie soit en famille ou avec les amis. Ce qui revient à rappeler la signification et la valeur du terme « nourrice », un mot plein de sens.
Mais revenons aux conséquences des repas pris dans ces lieux délabrés et insalubres. Malgré un goût souvent exhausté, une fois ingéré, l’organisme va subir les effets secondaires. Malgré une sensation de plénitude passagère, la mauvaise qualité des plats risque dans l’immédiat, à moyen terme ou beaucoup plus tard de nuire à la santé. Depuis les indigestions, les intolérances, les allergies, les intoxications et jusqu’aux maladies graves qui s’installent à bas bruit.
Au final, une alimentation non équilibrée, non respectueuse des règles d’hygiène sont à l’origine de sous-alimentation, de malnutrition source de fatigabilité et une baisse d’énergie chez le travailleur.
Les conséquences néfastes sur son implication et son rendement peuvent entraîner l’absentéisme ou carrément la perte de son travail.
Recueillis par Tatiana (à suivre)