Publié le 11 février 2020
Pour les prises de contact avec leur département respectif, les attitudes des ministres varient et bien sûr ne se ressemblent pas. Celle qui a fait beaucoup de bruit, a eu lieu lors de la rencontre d’Andriamanana Josoa Iarisambatra Rijasoa durant la passation service avec la ministre sortante. Les médias ont fait une large diffusion du discours presque véhément de celle-ci. S’adressant à l’assistance, pour marquer sa détermination d’appliquer beaucoup plus de rigueur dans le respect de la manière de servir de tous les fonctionnaires de son département, elle a eu des mots très durs qui ont été très mal perçus par le personnel. Aux oreilles de l’assistance, même si elle a voulu s’en prendre et mettre en garde aux tire-aux-flancs et les canards boiteux , la ministre Rijasoa semble s’être trompé et de «rija-teny » en mettant dans le même sac une minorité de mauvais des serviteurs de l’Etat blâmables dans l’exercice de leurs fonctions. Il est indéniable qu’il existe d’un bout à l’autre de l’administration qu’elle va diriger maintenant des nostalgiques de la mentalité du favoritisme et du laisser-aller style HVM…
Il n’y a rien de mal à vouloir secouer un peu le ronron quotidien de la lenteur administrative, mais de là à soumettre à un changement radical et rapide tous les bureaucrates du ministère avec mutation massive vers le niveau base de la profession d’enseignement, c’est vraiment méconnaître les réalités de son pays. Ce n’est pas parce qu’elle a été moulée sur le modèle du Nouveau Monde que pour autant, il faut appliquer le spoils system à des agents de l’Etat qui n’ont qu’une expérience théorique des fonctions pédagogiques à l’échelon village et même District. On ne s’improvise pas enseignant parce qu’au niveau ministériel il a été décidé ainsi. Pour les fonctionnaires de l’Enseignement en général et de la diffusion du savoir en particulier à tous les niveaux des hiérarchies et des circonscriptions, malgré toute l’autorité et le pouvoir discrétionnaire dont elle dispose, la ministre de l’Education Nationale et de l’Enseignement Technique et Professionnel nouvellement nommé et qui débarque juste au pays depuis moins d’un an ne peut pas prétendre mettre en marche le mécanisme approprié pour la bonne marche des services à sa disposition. Elle a beau avoir été familiarisée avec les attributions et pratiques administratives de la Primature avant de débarquer à Anosy. Une telle acclimatation (en position d’attente) à Mahazoarivo même en prévision d’une nomination programmée, n’aurait pas pour autant suffisamment permis d’obtenir une capacité d’approche pour tout chambouler comme elle est en train de commencer. Elle risque même de se trouver confrontée à des réticences non exprimées, voire même à un respect scrupuleux de toutes les procédures et directives par des fonctionnaires, conduisant à la paralysie du service(rien que pour faire plaisir à la bande à Rajao). De l’humble avis des observateurs que certains pourraient traiter de prophètes de mauvaises augures, pendant qu’il est encore temps, la ministre devra verser beaucoup d’eau dans le vin nouveau des compétences acquises ailleurs. Elle n’a pas tort de déplorer qu’avec l’ «ancienne méthode, nous n’allons jamais avancer. Ce n’est pas vraiment le contenu qui est mauvais, mais c’est la pratique qui n’est pas au point. » Il faut vraiment être un âne pour affirmer que le système « mora mora » sera la solution idéale. Mais si pour augmenter le taux de scolarisation et l’amélioration de la qualité de l’éducation, pour passer à la vitesse TGV, il faut faire très attention sinon l’attelage risque de dérailler. Surtout l’équipage est composé en majorité d’un personnel atteint de SIDA(Salaire Insuffisant Depuis des Années) et qu’aussi on connaît mal le terrain, la géographie du pays et qu’on oublie qu’avec un excès de zèle de débutant, il ne faut pas confondre «vitesse et précipitation ».