La Gazette de la grande ile

Chronique d’un coup d’Etat manqué : Les mensonges de Madagascar Oil

Publié le 28 juillet 2021

Madagascar Oil est une filiale du groupe singapourien Benchmark qui possède une expérience réussie dans l’exploration pétrolière aux Etats-Unis, au Kazakhstan et en Azerbaïdjan. Madagascar Oil exploite plusieurs périmètres pétroliers, notamment ceux de Tsimiroro (dans le cadre d’un contrat de partage de production avec l’OMNIS) et Bemolanga (en partenariat avec Total).

Madagascar Oil est actuellement dans une mauvaise passe. Cette société pétrolière aurait été sollicitée pour participer (ou aurait volontiers participé) au financement du projet funeste d’assassinat de hautes personnalités, y compris le Président de la République. La disgrâce actuelle de Madagascar Oil contraste avec l’espoir d’indépendance énergique qu’elle a longtemps suscitée pour Madagascar et risque de faire plonger le cours boursier du groupe Benchmark. Grâce à son droit de commercialiser le potentiel en huile lourde découverte, Madagascar Oil était pourtant promise à un bel avenir mais elle ne se remettra probablement pas des graves accusations qui pèsent sur elle. Si elle est impliquée de près ou de loin dans ce projet funeste, ses dirigeants sociaux devront répondre de leurs actes devant la Cour Criminelle. Même si ses dirigeants sociaux sont innocentés, sa réputation restera fortement entachée. Son exploitation et son futur dans la Grande Ile sont donc sérieusement compromis.

On est en droit de s’interroger sur les raisons pour lesquelles Madagascar Oil s’est encanaillée avec des voyous détenteurs d’armes de guerre tels que Philippe Marc François et Paul Maillot Rafanoharana. Le jeu en valait-il la chandelle ? En raison de la gravité des faits qui leur sont reprochés, les deux barbouzes risquent de passer de longues années derrière les barreaux tandis que les droits de Madagascar Oil sur ses périmètres pétroliers pourraient être annulés.

Pour le moment, le système de défense de Madagascar Oil ne plaide pas en sa faveur. Il est même pathétique. Dans un communiqué de presse, la direction générale de Madagascar Oil reconnaît officiellement « avoir reçu un e-mail de Paul Rafanoharana sollicitant un financement à hauteur de 10 millions d’Euros à des fins de déstabilisation politique ».  Il est également précisé que « au vu du caractère choquant et surprenant de cette demande, la direction générale de Benchmark Group n’a pas répondu à cette demande ». Il apparaît donc que Madagascar Oil s’est empressée de rapporter les faits à Benchmark Group mais qu’ensuite, aucune de ces entités n’a estimé opportun d’informer les autorités malgaches. Il ne s’agit pas d’un péché véniel par omission. Les deux sociétés se sont rendues coupables de non-dénonciation de crime. Il y a un autre point qui est intéressant à creuser. 1,4 milliards d’Ariary ont été saisis au domicile de Paul Rafanoharana qui refuse de s’exprimer sur la provenance de cette somme considérable. Même si la direction générale de Benchmark Group déclare n’avoir donné aucune suite à la demande de Paul Rafanoharana pour un financement à hauteur de 10 millions d’Euros à des fins de déstabilisation, elle ne conteste pas lui avoir donné une somme d’argent. Or, la main qui donne est la main qui dirige. Les échanges d’e-mails matérialisent la relation de confiance entre les parties et anéanti la thèse de Madagascar Oil selon laquelle elle aurait coupé court à la demande de Paul Rafanoharana. Cette preuve matérielle met également en lumière le fait que Madagascar Oil et Benchmark Group se sont rendus coupables de faux témoignages. Entre Paul Rafanoharana et Madagascar Oil, il y a forcément au moins un des deux qui ment, à moins qu’ils ne soient de mèche. Dans ce cas, Madagascar Oil s’est rendue coupable de complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. Le communiqué de presse exprime un soutien au Président de la République malgache et à l’Etat malgache, mais la tentative de Madagascar Oil et Benchmark Group de se disculper a posteriori n’est pas convaincante. Il ne faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages.

Ranary et PN

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