La Gazette de la grande ile

Éducation  et instruction : Le régime choisit l’ignorance pour les enfants et les jeunes à Madagascar

Publié le 13 octobre 2021

Dans n’importe quel pays du monde qui aspire à un développement ou qui est un pays développé, l’enseignement a une place fondamentale : permettre aux enfants d’aller à l’école primaire,  leur permettre de quitter l’enseignement général et opter pour l’enseignement technique,  leur donner l’opportunité de poursuivre en enseignement supérieur et continuer de se former une fois dans la vie professionnelle. Dans n’importe quel pays développé ou qui aspire de manière sincère au développement, les enseignants suivent des formations. Ils font l’objet d’inspection académique et dans l’enseignement supérieur, ils sont astreints à une obligation de publication. Clairement, ce régime a choisi l’ignorance et n’a que mépris  pour les enfants et jeunes malgaches, en ce qui concerne leur éducation.

On nous dira que ce régime construit des EPP aux normes, dote les élèves de tabliers et instaure des cantines scolaires. L’honnêteté serait de répondre clairement à la question : est-ce que tous les fokontany de Madagascar sont dotés d’écoles primaires publiques avec des enseignants qualifiés, formés, payés régulièrement et correctement ? Est-ce que tous les enfants de ces fokontany vont à l’école et les parents n’ont pas de frais à payer notamment en terme d’inscription, ni de frais à payer pour les enseignants ? L’enseignement primaire est gratuit et obligatoire,  telle est la règle. Les dirigeants pourront s’auto congratuler lorsque ce minimum de l’enseignement  – entendre derrière ce mot la qualité de l’enseignement et la compétence des enseignants – sera réalité partout à Madagascar, dans n’importe quel fokontany de Madagascar pour que tous ces élèves des écoles primaires publiques puissent aspirer à entrer dans le cycle secondaire. Pour l’heure, on voit beaucoup de ces enfants, qui sont censés être à l’école, dans la rue et même en danger sur les routes nationales à remplacer les agents des travaux publics en comptant sur la générosité des automobilistes.

On nous dira que ce régime songe à l’enseignement technique pour ceux qui choisissent la filière technique. Combien de districts sont dotés de lycée technique et de lycée professionnel ? Combien d’enfants malgaches peuvent poursuivre dans la voie technique et professionnelle?  Est-ce que ce régime donne la même opportunité de l’enseignement technique et professionnel à un jeune qui se trouve dans la capitale et à un jeune qui est à Maintirano ou qui est dans la Région Fitovinany, par exemple ? Ces réalités ne gênent pas nos dirigeants qui continuent de se féliciter entre eux lorsqu’ils font une action pour une école ou pour un lycée, en fermant les yeux et donc en méprisant la situation des autres écoles et lycées même à quelques kilomètres de la capitale de Madagascar. Pour l’heure, on voit clairement une défaillance de la formation technique et professionnelle dès lors que l’on sort des grandes villes. Pour l’heure, même un enfant qui a des difficultés dans l’enseignement général et devrait pouvoir réussir dans l’enseignement technique, va abandonner ses rêves en fonction de l’endroit où il se trouve dans ce vaste pays. Les dirigeants n’ont vraiment pas de quoi être fiers de cette situation.

Quant à l’enseignement supérieur, même si un certain nombre de nos dirigeants n’ont pas un diplôme d’enseignement supérieur, ceux qui gravitent dans les hautes sphères sont hautement diplômés et sont des “cerveaux”, mais une fois de plus avec un mépris clair vis-à- vis de l’enseignement supérieur. Les Universités publiques deviennent des lieux de grèves pour des raisons justifiées. Une année universitaire qui saute sans que cela ne gêne les responsables, des bacheliers qui subissent des traitements différents selon qu’ils se trouvent à une université dotée d’infrastructures ou pas, une année universitaire qui commence par une grève dans certaines universités, car le salaire du personnel technique n’est pas payé,  les vacations des enseignants qui accusent trois années de retard, une subvention étatique annuelle non versée à deux mois de la fin de l’année civile pour Antananarivo, des universités qui gèrent les frais d’inscription des étudiants loin de tout blocage d’un comptable public leur permettant de construire de nouveaux bâtiments flambant neufs.

L’enseignement primaire, l’enseignement secondaire, l’enseignement technique,  l’enseignement supérieur, ne sont pas la priorité du régime dans lequel un certain nombre des responsables politiques d’aujourd’hui, un certain nombre des dirigeants d’aujourd’hui, n’ont pas forcément fait des études, mais sont bien nés,  sont des rentiers et certains se sont peut-être même enrichis sur le dos des autres. Ils savent que grâce à leur argent, ils vont pouvoir envoyer leurs enfants dans les écoles privées, puis poursuivre, soit dans les universités privées, soit à l’extérieur. Ils veulent tous envoyer leurs enfants aux Etats Unis,  au Canada, en Suisse, à l’Ile Maurice,  en Australie et peut-être en France, dernier choix à moins de les intégrer dans les écoles payantes. Le cursus de leurs enfants est clair dans l’esprit de nos dirigeants, loin très loin du système malgache, un avenir loin, très loin de Madagascar, à moins de travailler dans l’entreprise des parents. Aussi, pour ce qui est de la formation à Madagascar,  ils font quelques sorties médiatiques à travers les EPP manara-penitra ou les cartes bancaires pour les étudiants universitaires, mais derrière toute cette apparence trompeuse, c’est le creux, le vide sidéral ! L’excellence est leur choix légitime pour leurs enfants, l’ignorance est leur choix pour les enfants et les jeunes malgaches. Au fond, ils sont là pour préparer un avenir radieux à leurs enfants et non pour permettre le développement du pays qui passe nécessairement par la formation des jeunes du pays, cette jeunesse qui mérite autant que leurs enfants une vraie formation de qualité.

La Rédaction

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