La Gazette de la grande ile

Edito : Et bruits de coulisses

Publié le 13 octobre 2021

Le site du Palais de Justice d’Anosy a fait hier l’objet de mesures de sécurité inhabituelles. Gendarmes et policiers en armes et sur le « qui-vive » se trouvaient dans les salles, les couloirs. Dehors, toute une foule d’hommes en uniformes quadrillaient les alentours des bâtiments et jusqu’aux portes de la salle d’audience N°1 où se tenait le procès qui retenait l’attention du public depuis un peu moins d’une semaine. L’homme du jour était le fameux Eddy Maminirina alias Eddy bois de rose. L’homme s’est fait un nom dans le monde des trafics illicites en tous genres (bois de rose, lingots d’or et autres richesses minières) avec la bénédiction de Marc Ravalomanana. Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent, écrivait Voltaire dans Zadig. Au bénéfice du doute… Honni soit qui mal y pense.

Rares sont les observateurs qui se souviennent encore des quiproquos retentissants d’un certain ministre feu le général Sylvain Rabotoarison, limogé par l’homme d’Imerinkasinina, président de la République à l’époque, pour une histoire de «butins après envois de bois de rose. » Arrive alors le temps de la Transition, une période trouble agitée par les réactions frustrées et mouvements de provocation d’une nouvelle classe sociale favorisée par le régime du parti Tiko. Profitant du flottement de l’exercice du pouvoir des nouveaux dirigeants, les parrains de l’exportation des rondins de bois de rose, se donnent à cœur joie en exploitant des lacunes des textes de simples exploitants forestiers. Tout ce beau monde accède au statut de nouveaux riches et multimilliardaires «intouchables».

Ils étaient capables de neutraliser les actions publiques contre les activités illégales autour des expéditions des produits interdits. Ils achètent pratiquement des ministres ( ), des fonctionnaires (des Directeurs Généraux des Douanes, les responsables des rapatriements des devises de la Direction des Opérations Financières(DOF) civils et militaires de l’époque, pour couvrir leurs comptes déposés dans les paradis fiscaux. Sous la présidence de Hery Rajaonarimampianina, l’ingérence des courtisans jusqu’à la Première Dame Voahangy, Nicole Andrianarisoa (affaires Bangkok et Anjozorobe) les choses ont empiré. Selon des bruits de coulisses et des rumeurs des couloirs, si hier le procès avait conduit des éminentes personnalités du corps médical devant les juges, c’est surtout à cause de leur fortune. Déjà au niveau de la Cour Suprême, des milliards de FMG ont provoqué la chute d’un haut fonctionnaire et permis à un autre de devenir par ricochet membre de la Haute Cour Constitutionnelle, et c’est encore par l’influence d’une richesse mal acquise. La vigilance des fonctionnaires de la Police Nationale a permis d’arrêter à temps le complot qui aurait permis à Eddy bois de rose de rééditer l’évasion d’Houcine Arfa. Les rumeurs laissent entendre que sa prochaine destination était un pays d’Asie où il avait encore des amis, anciens partenaires commerciaux.

Noël Razafilahy

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