Publié le 22 octobre 2021
Jadis, la raison d’être des syndicats était limitée à la vocation que la loi avait prévue depuis l’ère coloniale jusqu’à la chute du régime socialiste de Philibert Tsiranana. Soutenus à fond par l’Eglise Catholique Romaine sur place et les centrales syndicalistes de la Métropole, les mouvements syndicalistes de l’île formaient une force que ni les instances administratives ni les juridictions des tribunaux ne pouvaient sous-estimer. Pour s’en convaincre, il suffit de se remémorer des luttes sociales de la Jeunesse Ouvrière Catholique des années 50 jusqu’à l’avènement du vent des pays de l’Est dans le panorama sociopolitique à partir de 1972. Avant que la tourmente des idées prolétariennes socialistes ne s’installe, les issues des contentieux et litiges des employés devant les juges ne pouvaient que se conformer aux textes des lois.
Les dirigeants des syndicats étaient à la bonne école et étaient perméables aux pressions et dérives du favoritisme devant les cours des tribunaux. C’était la belle époque où aucun déni de justice n’était susceptible de changer les donnes. Puis les choses ont changé à cause de l’ingérence malsaine de la politique politicienne qui donnera naissance à divers mouvements syndicaux (SEREMA, FISEMARE, SEMPIMITO, SERNM, UDECMA et TM) tous sous contrôle étroit et idéologique des partis qui formaient le (FNDR) Front National pour la DEFENSE de la REVOLUTION en matière d’efficacité et de lutte pour les intérêts des travailleurs.
On ne pouvait pas dire qu’ils s’en sortaient très bien pour défendre les causes perdues d’un personnel trop souvent à la merci des ententes sournoises entre les patrons soucieux des intérêts économiques et commerciaux des entreprises que du sort judiciaire des mesures abusives infligées du monde du travail. C’est ainsi que les centrales syndicales sont devenues les antichambres de tous les partis politiques de l’époque. Par la suite, avec le retour aux instrumentalisations de la justice par la corruption l’arme favorite des patrons, le personnel dans les zones franches, les sociétés d’Etat et les entreprises privées sont devenues des proies faciles. Situation qui perdure et même empire jusqu’à nos jours, c’est une des raisons du soutien de la Solidarité Syndicale de Madagascar (SSM) pour le corps des Douanes. Le SECES (Syndicat des Enseignants Chercheurs des Etablissements Supérieurs), les pilotes et employés d’Air Mad lésés par des démarches et procédures traînantes ne savent plus à quel saint se vouer.
Seuls les enseignants au temps des gilets rouges qui ont secoué les cocotiers afin de déshabiller le président Rajaonarimampianina pour habiller Christian Ntsay de l’habit de Premier ministre en 2018 peuvent se vanter d’avoir eu du succès dans la lutte syndicale. Or, jusqu’à ce jour le Code de Travail en chantier dans le ministère de Gisèle Ranampy reste et demeure au stade d’un projet de loi avec toutes les critiques négatives des corps et entités écartés de la commission en charge de la confection. Conséquences immédiates de ces laxismes avérés : à cause de nos lois scélérates, les employés des grandes mines ne se contentent que des aumônes dans les procès qui ramènent les montants des dommages-intérêts à des sommes risibles. L’exemple n’est pas isolé. Selon un spécialiste du Droit «la justice n’est pas faite pour rattraper les erreurs, même commises de bonne foi. ». «Dura lex, sed lex.»
Noël Razafilahy