Publié le 23 octobre 2021
Dernièrement, l’ASH (Autorité sanitaire halieutique) s’est mise en grève, son budget de fonctionnement n’ayant toujours été pas validé par le gouvernement. Cette grève met en grave danger un secteur d’exportation très important comme l’exportation de langoustes, de crabes, de crevettes ou de caviar. Conscient de la situation, le Secrétaire général de la Présidence a été envoyé à la rencontre du personnel de l’ASH afin d’essayer de trouver un modus vivendi.
Il y a quelques jours, la fouille d’un avion d’Ethiopian Airlines a permis d’arrêter un Sri Lankais coupable d’avoir largement sous-estimé la valeur des pierres précieuses qu’il comptait exporter. Félicitations aux forces de l’ordre !
L’avion d’Ethiopian Airlines devait, semble-t-il, embarquer une équipe sportive et une soixantaine de passagers “ordinaires” qui ont voulu profiter de ce vol même s’ils n’ont pas reçu “l’autorisation spéciale” signée par le Premier Ministre ou le Président de la République conformément aux décisions du conseil des ministres du 13 octobre 2021. L également, c’est le secrétaire général de la présidence qui est allé aux charbons pour rappeler à l’ordre le ministre des transports : “En complément de la lettre sous référence 325-PRM/SGP-21 du 14 septembre 2021, nous vous demandons de vous assurer que pour tous les vols internationaux, transportant des passagers, et ce jusqu’à nouvel ordre, ces derniers doivent expressément recevoir les autorisations conjointes de la part de son Excellence Monsieur le Président de la République et de Monsieur le Premier ministre. Cette mesure vise à s’assurer de lutter efficacement contre les trafics illicites des ressources minérales et de devises qui minent notre économie”. Surprenante cette lettre d’ailleurs, puisqu’on parle cette fois d’autorisations conjointes du PM et du Président, et non plus de l’un ou l’autre ! La confiance règne !
Notre journal avait parlé d’erreur de casting concernant quelques ministres, dont le fameux ministre étrange des affaires. En fait, malgré qu’il ait été repêché trois fois par le président lors des changements de gouvernement, la vraie erreur de casting, ce serait plutôt le PM et le Président est en train de s’en rendre compte. Il ne prend plus de gants et passe maintenant par-dessus le PM pour essayer d’éteindre les feux qui couvent un peu de partout.
Dans une grande société, chaque responsable a son rôle bien défini et ce n’est pas au PDG d’aller tancer directement un chef de service défaillant. Au niveau d’un Etat, est-ce vraiment le rôle d’un PM ou d’un Président de signer une autorisation spéciale pour prendre un vol ? Savoir manager une équipe n’est pas inné, mais requiert un savoir –faire qui s’apprend. C’est ce qu’on appelle la bonne gouvernance.
Quand le Président “jouait” au populiste à Ranomafana et disait que les recettes fiscales ne remonteront plus à Tana, mais seront directement utilisées sur place, se rend-il vraiment compte de la portée de ses propos ? Le Président veut-il faire revenir Madagascar plusieurs siècles en arrière et en faire plusieurs petits royaumes ?
Les réunions à Paris avec les patronats francophones, la rencontre avec la DG du FMI à Washington visaient à mobiliser les financements. Hier, Rajoelina a rencontré les ambassadeurs et les PTF pour tenter de les convaincre de soutenir financièrement le programme étatique pour le relèvement du Sud. Nous sommes bien loin de son discours lors de son face-à-face avec Ravalomanana où il affirmait péremptoirement qu’avec les bailleurs de fonds traditionnels, Madagascar ne décollerait jamais même en 2050. Il disait pendant la propagande que tous les projets prévus dans le programme d’émergence de Madagascar avaient déjà leur financement bouclé, comme le projet agricole du Bas Mangoky réservé à des partenaires arabes qui n’ont jamais cultivé le riz ou le maïs par eux-mêmes.
Ce n’est plus le temps des werawera, ni des promesses qui n’engagent que ceux qui y ont cru. Personne n’est infaillible, mais la sagesse est d’au moins savoir reconnaître ses erreurs. Il est encore temps pour le Président de rectifier le tir afin que les électeurs ne finissent pas par juger que l’erreur de casting, somme toute, c’est lui.
La gazette