Publié le 21 janvier 2022
Pendant que dans toute la région de l’Androy qui a souffert de la sécheresse des années durant, on se réjouit dans la grande joie de voir enfin tomber la pluie pendant trois jours, dans la capitale tout autour d’Antananarivo c’est la désolation : les pluies incessantes de ces derniers jours n’ont apporté que ruines, destructions, dégâts irréparables et même la mort dans certaines familles. La nature est ainsi : imprévisible et difficile à maîtriser. Dans le Sud comme sur les Hautes Terres, ces deux situations si différentes qui ont eu lieu à peu près presque dans une période, ont pour origine ce que les spécialistes appellent des «problèmes environnementaux». Si l’habitat des tribus Antandroy a vécu tous ces drames qu’avait entraîné la sécheresse (réchauffement climatique, assèchement des sources et des cours d’eau), c’est parce que l’environnement s’est gravement et terriblement dégradé à cause du déficit de la végétation. Cette situation a été entraînée par une cause lointaine liée à l’histoire même de notre pays. Au début de la colonisation, face à la résistance farouche des habitants de tradition guerrière, les troupes des envahisseurs n’ont trouvé d’autres solutions pour les soumettre que de détruire les forêts inextricables de cactus et d’épineux où ces derniers avaient trouvé refuge. Puis au fil du temps, avec la nécessité de trouver les bois à brûler dans un périmètre qui n’avait plus la contexture environnementale d’antan, les difficultés sont apparues.
Pour la capitale et ses environs, les habitants sont habitués aux crues saisonnières et les inondations des saisons cycloniques. Ce qui est nouveau depuis quelques années, c’est cet envahissement de plus en plus inquiétant des eaux. Il est vrai que beaucoup de quartiers de la ville d’Antananarivo se trouvent dans des espaces de basses altitudes facilement accessibles aux crues normales, mais ce qui se passe actuellement relève de paramètres liés à une forme d’urbanisme sauvage et illégale dont les décideurs et autorités administratives qui se sont succédés depuis, sont les seuls responsables. Prenant le relais des cadres et élus communaux intéressés par des fortes sommes, les ministres, avec leurs pouvoirs discrétionnaires, donnent le feu vert pour commencer les travaux de remblais contre des dons de plusieurs millions d’Ariary. Tant pis pour les conséquences de ces travaux. Conséquences inévitables : le blocage des eaux de ruissellement de pluie crée plusieurs lacs artificiels qui gênent au plus haut une grande partie de la population des «bas quartiers». Tout le monde ferme les yeux sur le malheur de ces personnes qui croupissent carrément dans l’eau à l’intérieur même de ces bidons-villes dans l’inconfort le plus désagréable. Pourtant, quand viendront les campagnes électorales, tout ce beau monde de la politique et des institutions étatiques seront les premiers à solliciter les votes de ces malheureux compatriotes victimes des dégâts environnementaux avalisés par des personnalités irresponsables.
Noël Razafilahy