Publié le 25 mai 2022
Dans toutes les régions de l’Afrique où les richesses minières pétrolières représentent les principales activités économiques assurant les revenus de l’Etat, les populations paient souvent très cher et même au prix de leur vie le confort en faveur d’une minorité de dirigeants au service des compagnies d’étrangers profiteurs. Ici à Madagascar, ce constat déplorable est plus que valable avec comme seule différence qu’on n’est pas du tout loin des affrontements ethniques programmés pour laisser le champ libre aux exploitants miniers décidés à faire le vide dans les sites qu’ils désirent occuper en maître absolu. Le banditisme rural des razzias des dahalo a beaucoup aidé pour parvenir à une telle situation.
Les cas des alentours de l’entreprise QMM à Taolagnaro et le Projet Minier d’Ambatovy nous donnent des exemples précis sur cette mentalité de conquistador au service de la haute finance internationale. Il existe également une réalité inacceptable qui touche les petits exploitants miniers et les orpailleurs. Tenus à la gorge et subissant l’exploitation de l’homme par l’homme dans le sens le plus abject du commerce des produits miniers, dans les bleds perdus, nos compatriotes sont à la merci des riches commerçants, ces acheteurs de poudre d’or et des pierres précieuses à vils prix locaux. Ne sachant pas à quels autres collecteurs s’adresser, ils sont obligés de se contenter des prix dérisoires avec des paiements en différé que leurs partenaires filous ne respectent pas toujours. Et gare à ceux qui osent tenter de les dénoncer par les autorités locales qu’ils arrosent avec des fortes sommes pour entretenir la pression sur les pauvres paysans qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Comme toute chose a une fin, ces derniers temps, les gros poissons du trafic des lingots d’or au marché noir vers l’étranger tremblent, parce que frappés par la malédiction de l’or en sens inverse et il en prennent pour leurs grades. Les expéditions de ces marchandises de grande valeur ont fait l’objet d’un zèle inhabituel de la part des autorités chargées de sévir. En Afrique du Sud, au mois de décembre 2021, il y a la saisie de 73,5 kg d’or, puis «avant la saisie des 49 kg d’or en provenance de la Grande Ile à l’aéroport de Moroni aux Comores, onze expéditions auraient eu lieu entre septembre et décembre 2021. » La coïncidence entre le mois de septembre cité par le procureur Ali Mohamed Djounaid, le Procureur du Tribunal de Première Instance de Moroni, et l’arrivée bloquée du nouveau ministre des Mines Brice Randrianasolo, suivie de l’intérim du Premier ministre Christian Ntsay à la tête du département à problème, laisse perplexes les observateurs et incite des suspicions… Cette saisine d’or ne serait pas un cas isolé, car selon le procureur de Moroni, pas moins de “onze expéditions” auraient eu lieu entre septembre et décembre dernier, ajoute-t-il comme pour enfoncer le clou.
Revanche de l’histoire, impliqués dans des affaires relevant des attributions de SAMIFIN, trois concessionnaires de voitures font l’objet d’ouverture d’enquêtes devant les juges du Pôle Anti-Corruption, branche d’Antananarivo. L’évènement suscite les rumeurs les plus diverses quant à l’implication de ce trio dans des activités suspectes comme le trafic d’or dissimulées derrière la façade commerciale.
Noël Razafilahy