Publié le 19 septembre 2022
Le gouvernement a exprimé son refus d’adhérer à l’initiative de reconstruction nationale avancée par le FFKM (Conseil Œcuménique des Eglises Chrétiennes). Il convient de revenir sur cette décision étatique mûrement réfléchie qui va faire polémique. Celles et ceux qui pensent que le gouvernement souhaite entrer en guerre contre le FFKM, se trompent. Ce n’est pas parce que deux parties ne s’entendent pas sur un sujet qu’ils sont en désaccord sur tout. La décision prise par le régime ne doit pas s’analyser de manière émotionnelle. Elle exige du recul par une réflexion objective et à froid.
Tout d’abord, le FFKM n’a pas la qualité pour intervenir à tout bout de champ sur la scène politique. Le FFKM n’est pas une institution prévue par la Constitution. Son rôle premier est de contribuer à l’élévation morale et spirituelle de nos compatriotes. Le FFKM perd du terrain dans ce domaine alors qu’il y a tant d’efforts à entreprendre. Que le FFKM s’occupe du manège enchanté des affaires religieuses pendant que le régime gère les priorités politiques ! Chacun son métier et les vaches seront bien gardées !
Ensuite, le régime ne peut pas se payer le luxe d’adhérer à l’aventure extraconstitutionnelle suggérée par les rois mages du FFKM. Le fait que le FFKM mange dans la main des opposants n’oblige pas le régime à capituler. Celui-ci doit préserver l’autorité de l’Etat, avant même de protéger ses relations avec le pouvoir religieux. Par sa décision, le gouvernement a confirmé son attachement à la laïcité de l’Etat qui est pourtant mise à mal par la montée en puissance des mouvements sectaires.
Par ailleurs, la reconstruction nationale du FFKM n’est qu’une déviation de la concertation nationale souhaitée par les opposants. C’est un cheval de Troie pour favoriser l’intégration dans le gouvernement de quelques leaders d’opposition. Faute de pouvoir s’imposer par les urnes, ces derniers tentent d’induire en erreur le FFKM et de le conduire sur un terrain glissant. Les difficultés socioéconomiques sont indéniables, mais il n’y a pas à proprement parler de crise politique insoluble exigeant une intervention du FFKM, lequel ne doit pas s’affoler et ameuter toute la nation à chaque fois que l’opposition verse dans la provocation.
En outre, l’objet même de la rencontre proposée par le FFKM est contestable. La notion de reconstruction nationale est à la fois maladroite et mal fondée pour la simple raison qu’elle remet en cause les principes constitutionnels. L’équipe actuellement au pouvoir, qui a été élue sur la base d’un engagement portant sur l’émergence du pays, s’active chaque jour à la reconstruction du pays. Une reconstruction parallèle qui serait menée conjointement par un tandem ingouvernable formé par le régime et l’opposition est à la fois une ode au chaos et une entreprise de sabotage.
En sus, en soutenant la chimère d’une reconstruction nationale (sur la base de l’idée fallacieuse d’une concertation nationale prônée par les crevards de l’opposition), le FFKM prêche un faux catéchisme. Le FFKM ne doit pas se poser en porte-parole de l’opposition ni s’ériger en caution morale d’un hold-up démocratique. Il ne doit pas non plus se faire le complice d’une déconstruction de la nation ou d’un Armageddon postélectoral. Au lieu de donner de faux espoirs aux opposants, le FFKM devrait leur rappeler que les élections sont le seul moyen de parvenir à l’alternance démocratique.
Enfin, le FFKM n’a pas à forcer la main au gouvernement qui n’a aucun intérêt à faire rentrer le loup dans la bergerie en distribuant des postes ministériels aux opposants. Même s’il sera taxé d’arrogance, le régime doit rester droit dans ses bottes et s’atteler à intensifier son programme de réformes. La décision du régime de ne pas participer à la reconstruction nationale n’est pas un affront au FFKM. C’est une marque de respect envers la Loi Fondamentale. Le temps n’est pas à une prière pour la nation, la Bible sous le bras. Le temps est aux actions constructives pour la nation, la Constitution à la main.
Ranary