Publié le 01 octobre 2022
Alors, arrêtons de mendier la solidarité internationale !
Les égoïsmes nationaux
« C’est dans les moments difficiles que nous réalisons l’importance de la Solidarité entre les Nations. »
C’est ainsi que débutait le corps du discours de Rajoelina à l’ONU, montrant qu’il est complètement en dehors de l’épure concernant les relations internationales actuelles.
Cette période de pandémie a été une période très difficile pour le monde entier, cependant une période ayant permis de révéler enfin au grand jour les égoïsmes nationaux.
Par exemple, on avait assisté, au début de la pandémie, à des surenchères entre pays du Nord pour se procurer des masques en Chine, apparemment l’une des seules nations à disposer de larges stocks à ce moment. Des sociétés américaines qui « volaient » sur les tarmacs d’aéroports chinois en surpayant des cargaisons de masques achetés par l’Europe. Bref, c’était la loi de la jungle et le chacun pour soi !
Lorsque le vaccin Astra Zeneca, produit initialement au Royaume-Uni, figurait parmi les premiers vaccins anti-COVID autorisés sur le marché, le Royaume-Uni s’est d’abord largement servi et fit la sourde oreille aux supplications des autres pays européens de pouvoir recevoir des doses de vaccin.
Ensuite, les pays du Nord se sont servis, ne se souciant guère du sort des pays du sud qui restaient la cinquième roue de la carrosse.
Ainsi va le monde, et les pays du sud feraient bien de prendre en compte cette réalité. Les sanctions occidentales sur la Russie ont largement contribué à l’inflation mondiale généralisée, notamment à cause de l’augmentation des prix du gaz, du pétrole, des engrais et des céréales.
Peu importe les répercussions néfastes sur les pays du Sud !
Les pays du Nord, eux ont trouvé des parades en mettant en place des systèmes de subvention à tout-va, craignant que leur opinion publique ne finisse par se retourner et réclamer la fin de ces sanctions économiques et financières contre la Russie.
L’opinion publique européenne évolue et la quasi-unanimité contre la Russie au début du conflit commence à se fissurer. Qu’adviendra-t-il lorsque la rigueur de l’hiver frappera cette population européenne ?
Pareillement, au début du conflit, les Européens se sont mobilisés pour accueillir des familles ukrainiennes. Au bout de quelques semaines, les difficultés pour les accueillir pour de longues semaines sont apparues et les réalités quotidiennes ont émoussé l’enthousiasme du début.
Ce sont de tels retournements de l’opinion publique que craignent actuellement tous les gouvernements européens.
La souveraineté nationale
Lors de son discours à l’ONU, Macron a ciblé particulièrement les pays africains comme Madagascar qui se sont abstenus lors du vote à l’ONU sur le conflit Ukraino-Russe.
Selon lui, ce ne serait qu’une position incompréhensible de « mimer » le mouvement des non-alignés de l’époque. Quel mépris pour les dirigeants de ces pays, dont Madagascar, traités d’ignorants incapables de se faire leur propre opinion et de simples imitateurs de leurs prédécesseurs illustres non-alignés comme Tito ou Ratsiraka !
Macron n’a cependant pas oublié de remercier, en paroles, ceux qui se sont battus en Europe et ailleurs pour que la France soit libre. Il a juste oublié de préciser que les Malgaches ou les Africains n’y sont pas allés de leur propre gré, mais enrôlés de force par le colonisateur français afin de servir de chairs à canon. Rien que des paroles de remerciement et de maigres pensions en guise de reconnaissance !
Lorsque Macron est allé dans les Îles Glorieuses aboyer « Ici, c’est la France », n’a-t-il pas délibérément violé la charte des Nations Unies qui, par ses résolutions, ont déjà reconnu la souveraineté de Madagascar sur ces îles éparses ?
Lorsque Macron dit « au moment où je vous parle, il y a des troupes russes en Ukraine et à ma connaissance, il n’y a pas de troupes ukrainiennes en Russie », feint-il d’oublier qu’il y a des troupes françaises sur nos îles éparses et pas de troupes malgaches en France.
Macron dit que le seul à pouvoir garantir la paix, c’est le respect de la souveraineté nationale et de l’intangibilité des frontières. Chiche ! Qu’il joigne donc les actes à la parole et commence par nous rendre notre souveraineté sur les îles éparses.
La Gazette aurait aimé que Mamimbahoaka dise cela en face de Macron, au lieu de ces banalités sur une improbable cogestion.
Les Occidentaux livrent en réalité une guerre à la Russie par l’Ukraine interposée.
Le soutien militaire massif apporté par les Occidentaux à l’Ukraine ne contribue-t-il pas à faire durer cette guerre ? Et à la limite forcer la main aux Russes afin qu’ils utilisent les armes nucléaires tactiques et forcer ainsi indirectement les Ukrainiens à capituler et à aller à la table des négociations ? Et mettre enfin par la même occasion la Russie au ban du monde entier.
Somme toute, n’est-ce pas ce qu’ont fait les Américains pour arrêter la guerre en 1945, en lançant une bombe nucléaire le 6 août 1945 sur Hiroshima, et le 9 août 1945 sur Nagasaki, massacrant environ 200 000 civils japonais ? Après l’ultimatum de Potsdam du 26 juillet 1945 ignoré par les Japonais. Serait-ce ce qui se prépare cyniquement derrière le dos des Ukrainiens ?
Les blocs et alliances
Macron dit récuser les logiques de blocs ou d’alliances exclusives, mais l’OTAN n’est-elle pas une alliance exclusive ? Et que dire du G7, fondé en 1975, qui prétendait régir le monde ? G7 devenu G8 en intégrant la Russie en 1998 pour donner un semblant d’ouverture, mais redevenus de nouveau G7 en 2014 lors de l’exclusion de la Russie, déjà sur le prétexte de l’annexion de la Crimée. Dernièrement, le monde entier a assisté à l’ostracisme manifesté à l’égard des chefs d’Etat non membres du G7 qui ont honoré les funérailles de la Reine Élisabeth II, et qui ont fait l’objet d’un traitement protocolaire de plus bas niveau.
Le G20 fut créé en 1999, non pas pour remplacer le G7 qui continue leur aparté, mais pour donner un semblant de démocratie dans la gouvernance du monde.
Ne soyons pas naïf ! Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, ne veulent pas d’un ordre international nouveau et veulent maintenir leur domination actuelle sur tous les plans.
Ce n’est plus la Russie dont ils ont peur (sauf leurs armes nucléaires), c’est la montée inexorable de la Chine, notamment sur le plan technologique, qu’ils essaient de freiner par tous les moyens (pour ne parler que de la fameuse route de la soie).
Ainsi que la création d’un nouveau bloc qui ferait le poids face aux pays occidentaux et à l’OTAN. Et l’Afrique est un des enjeux importants de ce face-à-face.
La perte d’influence de la France en Afrique est très mal vécue, et les pays occidentaux essaient par tous les moyens d’y remédier, en utilisant cette fois le véhicule Union Européenne au lieu de l’ancienne puissance colonisatrice France.
Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que Biden va également organiser mi-décembre son sommet avec plusieurs dizaines d’Etats africains. Madagascar ne faisait pas partie des 16 pays africains invités au sommet sur la démocratie organisé par Biden en décembre 2021. Cette fois, gageons qu’elle sera très probablement invitée pour essayer de le sortir des filets de la Russie et de la Chine.
Rajoelina y répondra favorablement, tant, il aime se montrer aux côtés des grands de ce monde. Même s’il n’y jouera qu’un rôle passif et secondaire. Il apprécie surtout les séances photo !
Macron concède qu’il faut bâtir un nouveau contrat entre le Nord et le Sud, ce qui est déjà une reconnaissance de la mauvaise qualité de ce qui existe actuellement. La crise actuelle a eu au moins le mérite de montrer les lacunes des relations Nord Sud actuelles qui ne peuvent pas subsister en l’état. Non plus, selon Macron, les dispositifs de la Banque Mondiale et du FMI qui ne sont plus adaptés. Il était temps de s’en rendre compte.
Regardez les allocations spéciales de DTS. Combien de pays occidentaux ont réorienté une partie de leurs allocations spéciales de DTS vers les pays du sud. Et pour quelle fraction ? En signe de solidarité.
Les engagements financiers de COP 26, ont-ils été tenus ? Seulement 5 % des bateaux de céréales d’Ukraine sont allés en Afrique, alors que c’est le risque de famine en Afrique que les pays du Nord ont brandi pour négocier le corridor passage du blé ukrainien en mer noire.
Et les États-Unis augmentent les taux d’intérêt, dopant fortement le dollar. Les pays européens et d’autres nombreux pays souffrent de la double peine, l’augmentation des prix du pétrole, du gaz, des céréales, des matières premières et celle du cours du dollar. Mais les États-Unis n’en ont cure.
Alors, solidarité Nord Sud ? Comprenez dans l’intérêt bien compris du Nord.
Un discours de plus, comme savent en faire les pays du Nord pour endormir les pays du Sud qui commencent timidement à ruer dans les brancards.
Alors, voyons si ce que proposera la France lors de la prochaine réunion mixte franco-malgache sur les îles éparses sera conforme à son discours. Oui pour discuter d’une cogestion éventuelle sur plusieurs plans, mais la souveraineté ne se partage pas et la France doit préalablement la rendre.
Sinon, un jour ou l’autre, les Malgaches la recouvrant par la force si besoin, avec l’aide de pays amis.
Le nouvel ambassadeur qui vient de présenter ses lettres de créance aura fort à faire pour rattraper ces « bafouilles » de Macron, et pour gérer les suites de l’affaire Apollo 21. La Gazette lui souhaite la bienvenue et bon courage.
La Gazette