Publié le 23 novembre 2022
L’interdiction de Sortie du Territoire sur le Directeur Général de l’Agence Portuaire Maritime et Fluviale, Jean Edmond Randrianantenaina, décrétée par le Pôle Anti-Corruption (PAC) le 14 septembre dernier, vient d’être désavouée par le ministère de l’Intérieur. Plus précisément, c’est le directeur de l’immigration au sein de ce ministère, un certain Njara Ramilison, qui est intervenu à la Police des frontières à Ivato quand ces deniers ont recalé ce Directeur Général de l’Agence Portuaire Maritime et Fluviale. Une intervention dont le ministre de l’intérieur Tokely Justin est au courant. En effet, Edmond Randrianantenaina a voulu embarquer pour rejoindre l’Arabie Saoudite, mais a été retenu par la Police des frontières le dimanche 20 novembre. L’intervention a quand même réussi, car il est actuellement arrivé à destination accompagné du ministre des transports, Rolland Ranjatoelina. L’argument du directeur de l’immigration était que la décision du Pôle Anti-corruption ne valait rien sans un arrêté ministériel. Une affirmation complètement erronée, car la décision du Pôle Anti-Corruption est une décision de Justice, donc valable et ne pouvant aucunement être contournée. Pourtant, ce directeur l’a levé avec de simples mots.
Jean Edmond Randrianantenaina, c’est le Directeur Général qui a fait sombrer l’Agence Portuaire Maritime et Fluviale. Sous sa gestion, le transport maritime local est devenu un bordel. Notons le naufrage du bateau Francia survenu vers la fin de l’année 2021 à Soanierana Ivongo, ayant fait plus de 85 victimes. Une affaire qui demeure irrésolue. Les résultats des enquêtes démontrent un laisser-aller au niveau de la gestion et la régulation des papiers de ce bateau. Le capitaine est toujours introuvable.
D’après notre source, ce qui lui a valu cette Interdiction de Sortie du Territoire est la magouille avec l’agence spatiale britannique sur l’octroi des Balises AIS (Automatic Identification System). Les appareils utilisés pour permettre l’identification automatique des bateaux malgaches. Pour l’obtention de ces balises, il y a eu un accord conclu en catimini entre le Directeur Général de l’Agence Portuaire et l’Agence Spatiale, sans passer, ni par le conseil d’administration de l’APMF, ni par les deux Etats concernés, Madagascar et la Grande-Bretagne. Les balises ont été octroyées sous forme de don afin de ne pas passer par un appel d’offre, mais il s’agit quand même d’une offre pour un service public. De plus, l’Etat malgache doit payer annuellement plus de 25 millions de dollars (105 281 700 000 000 ariary) à cette entreprise anglaise qui détiendra toutes les informations que recueilleront ces balises. Informations qu’ils peuvent utiliser comme bon leur semble. Ils peuvent donc être au courant de toutes les failles sécuritaires des frontières côtières de Madagascar.
Le fait que Jean Edmond Randrianantenaina ait réussi à quitter le territoire malgache en compagnie du Ministre des transports résulte d’un abus de pouvoir. Notons cependant que les employés du ministère du transport affirment que Rolland Ranjatoelina serait sur le point de limoger Edmond Randrianantenaina. Ce voyage en Arabie Saoudite sent la négociation. Le directeur de l’immigration a piétiné le Pôle Anti-Corruption en intervenant à l’aéroport pour faire sortir Jean Edmond Randrianantenaina de Madagascar. Finalement, une Interdiction de Sortie du Territoire à Madagascar n’est qu’un papier sans aucun pouvoir. Le système anti-corruption peut être piétiné sans aucun problème par les dirigeants.
La Gazette