Publié le 25 novembre 2022
La directrice exécutive de Transparency International Initiative Madagascar, Ketakandriana Rafitoson, a été entendue hier dans l’après-midi vers 14 heures au bureau de la police économique à Anosy. Pour rappel, la Transparency International Initiative Madagascar (TI-IM) a lancé un appel au pôle anti-corruption (PAC) à Madagascar et au parquet national financier (PNF) en France, le 10 novembre dernier. Elle signale ces autorités pour dénoncer ce qu’elle considère comme des possibles faits criminels commis par des sociétés et individus impliqués dans le commerce du litchi à Madagascar et sur une répartition inégalitaire du quota d’exportation entre les membres du Groupement des exportateurs de litchi (GEL).
Se sentant lésé, le Groupement des exportateurs de litchi (GEL) a répliqué le 14 novembre 2022 par le biais d’un communiqué qui conteste toutes les informations diffusées dernièrement par la TI-IM et annonce que des éléments de réponses et d’explications sont disponibles pour éclaircir la situation. Dans ce communiqué, le GEL se défend en déclarant avoir œuvré pour une amélioration constante des outils de production et de commercialisation afin de répondre aux exigences des producteurs, exportateurs et clients. En conséquence, le groupement des exportateurs de litchi porte plainte contre la directrice exécutive de Transparency International Initiative, Ketakandriana Rafitoson, pour “dénonciation calomnieuse, dénonciation abusive, dénigrement et désorganisation”.
Dans son plaidoyer, le GEL met en avant qu’environ trois cent mille ménages vivent de la production, de la collecte et de l’exportation du litchi. De plus, le groupement a contribué à professionnaliser la filière par la promotion auprès de ses membres de la certification Global Cap qui est une série de normes de traçabilité et de sécurité alimentaire reconnues internationalement. Il n’est donc pas logique selon le GEL, de prendre une position médiatique sur de simples suspicions, car cela pourrait porter préjudice à l’ensemble des maillons de la chaîne (les maillons de la chaîne de la filière litchi).
Parlant de Ketakandriana Rafitoson, la directrice exécutive de Transparency International Initiative Madagascar n’a pas fait de commentaire lorsque la société Colas Madagascar S.A a été sanctionnée par la Banque Mondiale le 4 janvier 2022 concernant les travaux d’agrandissement et de rénovation des aéroports d’Ivato et de Fascène à Nosy-Be. Pour la Banque Mondiale, la société aurait eu recours à des « pratiques collusoires et frauduleuses » dans le cadre de la réalisation du projet Airports Madagascar. A cet effet, la Banque Mondiale sanctionne la Colas et l’exclut de tous ses projets pour une durée de deux ans. Malgré cela, au mois de juin dernier, la Colas est choisie par l’Etat malagasy pour les travaux de réhabilitation de la route nationale numéro 13 (Ambovombe Androy – Fort-dauphin). De quelle manière cela a-t-il pu arriver ? Le mystère réside sur le sujet, mais ce qui interpelle c’est que la directrice exécutive de de TI-IM Ketakandriana Rafitoson reste silencieuse. Pourtant, la sanction est un fait, peut-être parce que la Colas Madagascar S.A est une société étrangère.
Une autre affaire assez virulente et d’actualité, le viol d’un petit garçon de six ans, survenu le dimanche 6 novembre dernier à Morondava par un ressortissant espagnol et trois Malagasy qui sont vite arrêtés par la police, rapporté par notre confrère dans l’édition même de ce jour. Le fait est que le garçon de six ans a disparu quand il était sur le point d’aller se baigner avec sa famille dans la piscine d’un hôtel à Morondava où il a été retrouvé une heure plus tard, sans vie et les médecins ont constaté des marques de viol sur son corps. On nous rapporte que Hasnaine Yavarhoussen, directeur général délégué de Groupe Filatex et consul honoraire d’Espagne à Madagascar est venu sur les lieux pour essayer de faire libérer les accusés, notamment l’Espagnol, principal accusé dans l’affaire. La question se pose : pourquoi Ketakandriana Rafitoson reste silencieuse par rapport à cette affaire d’ingérence perpétrée par le consul honoraire d’Espagne ? Ce problème devrait la faire réagir, mais encore une fois, comme il s’agit d’un étranger, la dame reste muette.
Concernant la société huilerie de Tamatave (HITA) sise dans le port fluvial de Manangareza, dirigé par un Karana dénommé Saïd et qui a fait l’objet d’une quinzaine de contrôles et de recommandations, de mars 2018 jusqu’en juillet 2019 pour des problèmes de pollution de l’environnement, la production a même été suspendue temporairement par la préfecture de Toamasina pour cause d’odeurs nauséabondes qui sortent de l’usine. Mais peu de temps après, la société a continué sereinement sa production d’huile industrielle. Encore une fois, la directrice exécutive du TI-IM n’a pas réagi.
Monsieur Saïd, patron de la société HITA et propriétaire de la quincaillerie Sambatra s’en sort indemne. Bref, la lutte contre la corruption menée par la Transparency International Initiative Madagascar est une lutte juste et tout le monde soutient cette cause. Cependant, ce que nous dénonçons, ce sont les discriminations au profit des étrangers par la directrice exécutive de la TI-IM. Il n’est pas légitime de commenter les actes des uns et de rester silencieuse sur ceux des autres.
Si elle réagit à de simples suspicions de corruptions envers le GEL, qui est une société malagasy, gérée majoritairement par des Malagasy, elle devrait suivre de près les affaires incluant des sociétés étrangères implantées à Madagascar qui sortent du cadre légal.
Ravo