La Gazette de la grande ile

Continuité de l’Etat : Un concept de manipulation

Publié le 30 novembre 2022

La Continuité de l’Etat est un concept auquel les dirigeants ont recours pour manipuler la population. Par définition, la continuité de l’Etat est le principe selon lequel un gouvernement doit honorer les engagements pris par le gouvernement qui l’a précédé. Pourtant, les régimes qui se sont succédé à Madagascar prennent les engagements qui leur rendent service et rejettent les engagements qui leur posent problème.

Tous les engagements pris par l’ancien régime doivent être honorés. Les meilleurs comme les pires. Cependant, le régime actuel dénigre les anciens régimes qui se sont succédé en s’attribuant tous les mérites des réalisations qu’il a juste inaugurées. Prenons par exemple la route nationale 5A reliant Ambilobe à Vohémar. C’est l’ancien régime qui a débuté les travaux sur cette route. Le régime actuel est arrivé au bon moment pour l’inaugurer et durant la cérémonie, le Champion a bien précisé que « c’est moi qui a fait cette route. Beaucoup de régimes se sont succédé, mais ils ont juste promis sans passer à l’action. Actuellement, je l’ai fait. ». Rappelons tout de même que le Champion a juste inauguré cette route par continuité de l’Etat.

Un autre exemple : les dettes de la Jirama. Actuellement, la Jirama doit plus de 500 milliards d’ariary aux pétroliers. Une somme qui s’est accumulée depuis la première république. Les régimes qui se sont succédé ont accumulé leurs dettes envers les pétroliers. Actuellement, c’est Mamimbahoaka qui récolte tous les torts. La Jirama est au plus mal. Le régime actuel veut se défaire de cette dette en jouant avec les taxes sur la valeur ajoutée. Dans le projet de loi de finances initiale de 2023, une augmentation de 20% sur les taxes sur la valeur ajoutée des carburants est prévue. Un moyen d’augmenter la charge des pétroliers pour le déduire sur les dettes que l’Etat leur doit.

Peu importent les esquives, ces dettes envers les pétroliers figurent parmi les charges que le régime en place doit supporter par continuité de l’Etat. Si l’actuel Président venait à ne plus diriger, ce serait au prochain Président de supporter ces dettes.

Dans le principe de continuité de l’Etat, le régime en place est responsable de tous les engagements des régimes précédents. En cas d’échec, on ne peut pas annoncer à la population que c’est la faute des anciens dirigeants. Ceux qui dirigent le pays actuellement étaient en connaissance de cause avant de prendre la place de ces derniers. Le règlement de tous les problèmes de l’Etat figure même parmi les discours de propagande du Président actuel. Il ne peut donc pas se permettre de rejeter la faute à ses prédécesseurs.

La Gazette

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